COVID-19 : des conséquences lourdes sur l’épandage des boues

14 mai 09:05

Devant la possibilité de présence du Covid-19 dans les boues de stations d’épuration, et le manque d’évaluation précise du risque dans les boues, une circulaire interministérielle (MTES et MAA) a été publiée dès le 2 avril 2020 et diffusée aux préfets. Cette circulaire, complétée par un arrêté daté du 30 avril 2020, s’appuie sur des recommandations de l’ANSES, consultée en urgence.

Les nouvelles obligations en période d’épidémie de Covid induisent de grands bouleversements pour les services d’assainissement notamment en zones rurales. Elles s’appliquent aux stations d’épuration des eaux résiduaires urbaines (STEU) et aux installations classées (ICPE) recevant plus de 1% d’eaux résiduaires urbaines. Les autres stations et les stations industrielles ne sont pas concernées.

 

  • les boues extraites des STEP avant la date d’entrée du département en zone d’exposition à risque COVID sont épandables sans restrictions. Elles ne peuvent pas être mélangées à des boues extraites après cette date. Les dates d’entrée du département en zone d’exposition à risque sont données en Annexe des textes. Ces dates sont toutes comprises entre le 13 et le 24 mars (sauf Guyane et Mayotte, à partir du 3 avril). Les boues extraites avant le 13 mars sont donc forcément épandables, et celles extraites après le 24 suivent forcément ce qui suit. L’annexe 2 de la circulaire du 2 avril précisait déjà que le « stockage des boues de STEU ne peut constituer une solution face à l’impossibilité à épandre », contraignant les exploitants à trouver une solution alternative pour les boues concernées.

 

  • Après la date d’entrée en zone d’exposition : 3 cas
    > Si les boues ne sont pas hygiénisées (cas de nombreuses petites stations) : elles ne sont pas épandables en l’état, car le législateur considère que le risque d’une contamination par l’épandage n’est pas exclu. Les exploitants doivent trouver des méthodes d’élimination ou de valorisation alternatives (unités mobiles de déshydratation puis chaulage, incinération), ou les traiter pour les hygiéniser (dans ce cas on rejoint le cas suivant, pour les boues hygiénisées.
    > Si les boues sont hygiénisées (i.e. au sens de la circulaire et de l’arrêté : compostées, séchées thermiquement, chaulées ou digérées) : pour ces boues, l’ANSES a pu conclure que la contamination par le SARS-CoV-2 devrait être faible à négligeable, au regard de l’efficacité des traitements. Il est néanmoins demandé de doubler les fréquences d’analyses de l’article 16 de l’arrêté de 98 (dénombrement de salmonelles, entérovirus, œufs d’helminthes viables, coliformes thermotolérants), notamment pour les coliformes thermotolérants et d’enregistrer les températures, pH, opérations de compostage … selon le procédé d’hygiénisation appliqué.
    > Si les boues ont été compostées et que le compost répond aux critères microbiologiques de la norme NF U44-095, alors les boues sont considérées comme hygiénisées. Les analyses microbiologiques exigées par la norme doivent pouvoir être fournies sur demande, et toutes les opérations de process enregistrées.
    Ces mesures vont s’appliquer jusqu’à nouvel ordre. L’avancée des connaissances sur le Covid dans les boues ne sera certainement pas traduite dans les textes réglementaires avant plusieurs semaines, quelles que soient les conclusions des études qui vont démarrer.

 

Conséquences au laboratoire
Du côté d’Auréa, nous nous attendons à une augmentation exceptionnelle des demandes d’analyses microbiologiques. Les demandes vont comporter, jusqu’à la fin du printemps 2020 environ, principalement des analyses de « caractérisation initiale » associant dénombrements de salmonelles, oeufs d’helminthes viables, entérovirus et coliformes thermotolérants. Ensuite, pendant les périodes traditionnelles d’analyses des boues (été et fin d’hiver), nous aurons à réaliser des dénombrements de coliformes thermotolérants seuls, utilisés comme indicateurs de la performance du procédé d’hygiénisation. Cette seconde phase devrait s’installer dans la durée et accroître durablement l’activité des services de microbiologie et de réception de nos laboratoires.
Auréa s’y prépare en renforçant les moyens internes en microbiologie et l’organisation de la sous-traitance.
Les boues sont par nature susceptibles de contenir des germes pathogènes humains, et le Covid nous rappelle que le respect des bonnes pratiques sanitaires est essentiel pour soi et pour les autres. Le port des équipements de protection individuels (EPI) par toutes les personnes appelées à prélever et manipuler les boues et le respect des règles d’hygiènes en place de longue date dans nos laboratoires, permettent à Auréa de répondre à cette demande exceptionnelle du marché, dans le plus grand respect de la sécurité des équipes. Nous vous engageons à prendre soin de vous et de vos équipes en adoptant le port systématique du masque, lunettes, gants et surblouse lors des prélèvements de vos échantillons avant l’envoi au laboratoire.

 

Un dernier mot sur la recherche de Covid dans les boues …
La recherche du matériel génétique du SARS-Cov2 n’a pas été retenue comme indicateur de risque au niveau de l’épandage des boues par les ministères. En effet, si la présence de ce matériel génétique permet d’indiquer « qu’il y a eu présence » de ce virus, il n’informe pas sur son potentiel infectieux. Par ailleurs, si la recherche est négative, elle prouve l’absence de virus – donc de risque – dans l’échantillon mais pose la question de la gestion des lots et de l’échantillonnage de ces lots de boues. A ce jour, les référentiels d’interprétation ne sont pas diffusés.
Quelques laboratoires ont développé la recherche d’ARN viral du SARS-Cov2 par PCR. Auréa ne suit pas cette voie pour l’instant et ne proposera pas cette recherche.

AUREA met tout en œuvre pour vous accompagner au mieux durant cette crise. Notre équipe de chargés d’affaires et notre support technique se tiennent à votre disposition pour répondre à toutes vos questions concernant ces nouvelles mesures.

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