RELIQUATS AZOTES : pourquoi est-il possible de prélever dès début janvier pour les cultures d’hiver

20 octobre 09:10

Les prélèvements des reliquats d’azote sortie hiver se font principalement en février pour les cultures d’hiver, afin de se rapprocher au plus du premier apport d’azote. Pourtant, réaliser ses prélèvements dès la première semaine de janvier est tout à fait pertinent d’un point de vue agronomique et organisationnel.

 

RAPPEL SUR LA METHODE DU BILAN PREVISIONNEL D’AZOTE

La mesure du stock d’azote minéral présent dans le sol sur la profondeur potentielle d’enracinement de la culture permet de définir l’état initial du bilan azoté prévisionnel, méthode de référence pour le raisonnement de la fertilisation azotée. Cette méthode de raisonnement est basée sur le principe du bilan de masse, qui énonce que l’état final d’un système correspond à son état initial, additionné de ce qui est entré et soustrait de ce qui est sorti.

État final = état initial + entrées – sorties

Le bilan se définit donc sur une période donnée : il y a une date d’ouverture et une date de fermeture du bilan. Cette écriture a été adaptée au contexte de la fertilisation azotée :

  • État final : quantité d’azote à la fermeture du bilan (récolte)
  • Entrées : fournitures d’azote (engrais, minéralisation MO sol, PRO, résidus, CIPAN, apports atmosphériques, …)
  • Sorties : N absorbé par la culture, pertes d’azote (lixiviation, volatilisation/dénitrification)
  • Etat initial : quantité d’azote à l’ouverture du bilan

 

La récolte est considérée comme l’état final (fermeture du bilan). Pour les cultures d’hiver, il est recommandé d’ouvrir le bilan (état initial) à la fin de la période de drainage pour pouvoir considérer le poste lixiviation(1) comme négligeable pendant la période du bilan.

 

LE RELIQUAT AZOTE VARIE PEU SUR LE MOIS DE JANVIER

A cette période, les basses températures limitent tous les phénomènes biologiques. En effet, l’absorption d’azote minéral par la culture ne varie que très peu, et la minéralisation des différentes sources d’azote organique est au plus bas. Début janvier les périodes de drainage les plus importantes sont passées : 40 % de la pluviométrie annuelle a lieu entre septembre et décembre (normales 1981-2010, source Météo France).

(1) Lixiviation : perte d’azote nitrique par entrainement dans les eaux de drainage en dessous de la profondeur potentielle d’enracinement de la culture

Le mois de janvier reste cependant assez humide, avec des précipitations normales entre 50 et 150 mm selon les régions (moyenne à 90 mm). Il ne faut pas pour autant surestimer la lixiviation des nitrates due aux pluies de janvier. La quantité d’azote nitrique lixivié dépend certes de la pluviométrie, mais également :

  • de l’humidité du sol : elle doit être supérieure à l’humidité à la capacité au champ pour que l’eau percole dans les couches inférieures (principe du réservoir qui déborde).
  • de la quantité d’azote nitrique présent dans le sol et de sa répartition : la lixiviation endessous de la profondeur potentielle d’enracinement sera plus faible si la majorité de l’azote nitrique est présent dans la couche de surface.

Le graphique ci-dessous représente la proportion d’azote nitrique potentiellement lixiviable sous 90 cm en fonction de la pluie efficace pour 3 grands types de sol (calculs selon l’abaque COMIFER de juin 1992). Les barres d’erreur représentent la variabilité de répartition de l’azote nitrique dans le profil de sol.

Les sols très filtrants mis à part, les pertes d’azote nitrique par lixiviation pour la pluviométrie moyenne du mois de janvier (90 mm) représenteraient entre 10 et 15 % du stock initial. Cela correspond à 5 à 7 kg/ha pour un reliquat azoté de 50 kg/ha, et 8 à 12 kg/ha pour un reliquat de 80 kg/ha. Ces ordres de grandeur sont équivalents à l’incertitude de mesure.

Cette estimation de l’azote nitrique potentiellement lixiviable sous 90 cm est disponible en option sur le rapport de reliquat azoté (option Nitralix + d’infos auprès de votre commercial )

Bien que le poste lixiviation ne soit pas pris en compte dans les méthodes de calcul du bilan prévisionnel d’azote des référentiels GREN, il permet d’estimer l’impact de la pluviométrie sur l’azote minéral disponible pour la culture, et ainsi renforcer la pertinence de l’utilisation d’outils d’ajustement de la dose d’azote en cours de végétation. En plus d’une faible variation par rapport à un reliquat azoté prélevé en février, réaliser ses prélèvements de reliquat d’azote dès début janvier amène de la souplesse et de la sérénité sur le plan organisationnel (meilleure disponibilité des préleveurs, résultats disponibles plus tôt ce qui laisse plus de temps pour planifier les apports d’azote).

 

 

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